ressources Corinne Pontana spectacle Après tout

Après tout

vendredi 9 octobre 2015 octobre à 21h | Klap maison pour la danse dans le cadre de Questions de danse
jeudi 26 mai à 19h et vendredi 27 mai 2016 à 21h | Friche la belle de mai

© canelle bouteau

Production compagnie Abdel Blabla, Coproduction Klap maison pour la danse | avec le soutien de marseille objectif DansE et de La Liseuse [prêt de studio]
Création vendredi 9 octobre à 21h à Klap, maison pour la danse dans le cadre de Question de danse

Chorégraphie, interprétation Corinne Pontana
Regard extérieur, musique, composition sonore, textes François Bouteau
Scénographie Corinne Pontana
Lumière Xavier Longo

durée 35’
 

Corinne Pontana met son expérience d’interprète au service …d’elle-même. Un ‘elle-même’ qu’elle ne connait pas encore.
François Bouteau a l’habitude, en tant que chorégraphe, d’utiliser les voix comme accompagnement de la danse mais voudrait élargir son expérience.
Ils voulaient prendre le temps d’aller chercher quelque chose : Corinne pour proposer un solo et se laisser surprendre cette fois-ci par ses propres propositions ; François pour mettre sa concentration sur la partie son, sans faire tout à la fois cette fois-ci, et pour mettre la technique accessible aujourd’hui au service de son imagination. C’était le bon moment.
Les sujets qui collaient au désir de créer au-delà de leurs expériences individuelles semblent d’ailleurs se rapprocher comme une évidence, donc…après tout.
 

 
… Après tout,
 Au-delà de la fin de toute chose
 L’air traverse cet endroit, ce non-lieu
 C’est elle qui est traversée
 Par des envies, des bribes de souvenir, des espoirs réinventés
 C’est elle qui est réinventée dans ce ‘plus rien’
 Par l’envie d’un presque quelque chose
 Par envie des autres
 D’un autre
 Trace d’un autre
 Tout …quoi !
 
Corinne Pontana
 
Un siège sans pied n’est pas un siège, un socle qui ne supporte rien n’est pas un socle, un rideau plastique qui ne masque rien n’est pas un rideau.
Ces objets ‘morts’, ‘inertes’ sont là posés… un peu cliniquement.
Ces objets rappellent un état de perdition.
 
Elle est dans cette situation mais son état d’esprit ne le laisse pas tout à fait penser.
Au contraire, son énergie va faire son jeu de cet espace trop vaste.
Ce qui se passe dans sa tête se lit directement sur son attitude.
Est-elle épouvantail figé dans le temps ou se tord-elle pour représenter qui elle est ou qui elle n’est pas ?
S’impose-t-elle sur ce socle pour dire ses limites, ou pour constater la précarité de son équilibre, l’incompréhension de sa situation ?
Sa présence et son énergie ramènent le vivant, une humanité qui ne saurait disparaître.
 

Elle se propulse dans le lieu de part et d’autres, retraçant des chemins, ou se laisse aller brièvement dans un flux, un reflux, qui parle de dépendance mais de vie.
Le siège sans pied est, l’espace d’un instant, quelqu’un de très proche, elle éprouve pour lui un vif attachement, le temps d’un duo.
Fermant les yeux, elle imagine l’occasion de chausser des hauts-talons pour évoquer une soirée sans soucis.
L’épouvantail lui revient à l’esprit mais le voilà pris dans une dynamique vive, acérée.
Et maintenant, s’affaire-t-elle à un acte quotidien rassurant ? Pas sûr…
Son corps devient bulle et flaque, mais la perte d’énergie s’avère être elle-même une énergie. D’ailleurs ce n’est pas sérieux.
 
Et ce bout de rideau sur lequel elle tombe devient une robe, un partenaire, une cape de toréro… Elle s’enthousiasme, la musique surgit.
Et quoi ?
Et puis, la voix d’un enfant qui chante.
Et puis sa voix à elle, elle parle, à ses ancêtres, ou à tous, de multiples révélations pragmatiques, et solutions qu’elle découvre, formidables.
Et puis elle propose spontanément une danse folklorique universelle, et fait naître une foule de plus en plus grande qu’elle entraîne avec joie, dans son élan.
 

 

Une femme seule
 
Dans l’envie naissante d’un solo, j’ai choisi très vite trois objets, ‘restes d’objets’ en fait, abandonnés dans un lieu improbable où ils auraient complètement perdu leur utilité, leur sens. Mais après tout…
 
Cette vision ne venait pas de nulle part. Lors de mes nombreux voyages avec la compagnie Ex Nihilo, j’ai vu des espaces très différents, j’ai pris goût à certains territoires, des no man’s land, des lieux de perditions. J’ai été profondément marquée par ces endroits chargés de présences humaines disparues, comme effacées du paysage, mais pourtant complètement perceptibles.
 
Cette vision de perdition, je la ressentais en imaginant ces objets, là, posés au sol. Je me glissais dans la peau d’une femme, dernier être humain sans doute. Je sentais mes impressions personnelles, par une juste transposition, s’incarner dans cet être. Mais après tout…
 
L’état de solitude pour un solo me convient bien, une solitude dont la raison ne serait pas un désir mais une obligation.
La femme dans la peau de laquelle je me glisse serait là, aussi décalée de son rôle que les trois objets, comme un quatrième objet, mettant avec eux en évidence… l’absence. Mais après tout…
Il y a eu… Il y a eu un effondrement, il y a longtemps déjà.
Des bruits de craquements traversent l’air, ou peut-être ne traversent-ils que son esprit, des bruits de craquements, de grincements, qui sont eux aussi preuve d’une présence humaine, passée, ou rôdant par là.
 
Mais maintenant… exclue de toute nature, de tout lieu vivant, de toute humanité… elle impose cependant un désir de vie. Un réflexe vital la pousse, quand le présent n’a de prise qu’en regard du passé, et quand l’avenir… ‘aurait été’. Elle ne cède par instants que pour repartir autrement. Après tout dans ce solo, je veux que ce soit la danse qui raconte et exprime cela, que la moindre détresse soit balayée par une nouvelle envie-dansée, et qu’on comprenne cette danse, comme une intuition, plutôt qu’une solution.