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De Vous Deux

du mercredi 25 octobre au samedi 25 novembre 2006 à District du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h30 à 18h30

co-production : groupe dunes, marseille objectif DansE et District. Ce projet a bénéficié d’une aide à la maquette DICREAM
Le groupe dunes est résident à la friche Belle de Mai, à Marseille. Il est subventionné pour son fonctionnement par la Ville de Marseille, le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC PACA.

conception et réalisation Madeleine Chiche et Bernard Misrachi composition sonore Bernard Misrachi et Olivier Renouf direction technique Bruno Faucher régie numérique Luccio Stiz, assisté de Fabrice Metais
 

Le mot DVD est entré dans le langage courant, mais qui sait ce qu’il signifie ?
De Vous Deux est une première tentative de le sortir de l’anonymat, la première d’une liste non exhaustive de mots commençant par D ou V et s’associant librement pour constituer une signification possible.
 

Par exemple :
Délicieux Vraiment Délicieux
Didon Veut Déménager
Digression Vocifératoire Distinguée
 

Ou bien :
Données Vraiment Datées
Deux Vaches Dilettantes
Débrouillez Vos Dictionnaires
 

Ces formules, éléments de navigation, donnent accès à des séquences sonores, visuelles, textuelles ou les trois à la fois, plus ou moins illustratives qui composent De Vous Deux..

Madeleine Chiche et Bernard Misrachi


 

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Questions posées par Marseille Objectif Danse à Madeleine Chiche et Bernard Misrachi
 

Qu’est-ce qui a déterminé votre choix de ne plus créer de spectacles pour vous consacrer à des installations vidéos que vous nommez souvent « paysages » ou « jardins » ?

En réalité il n’y a pas eu de décision délibérée d’arrêter le spectacle. Les choses se sont faites naturellement.
En 1994 et 1996 nous avions déjà réalisé deux installations [à Bezons et à la Galerie Donguy à Paris].
En 1997, année du Point de Vue de la Vache, dernier spectacle que nous avons montré, nous avions le projet de produire Vous Etes Ici !, une installation sur le toît-terrasse de La Friche la Belle de Mai à Marseille. En 1999, cette installation a eu lieu.
L’événement a été fort et important pour nous. Il nous a ouvert un champ d’expérimentation suffisamment vaste pour que nous ayons envie de continuer à l’explorer… Encore jusqu’à aujourd’hui.
Nous sommes entrés dans l’ère des espaces extérieurs et des contingences naturelles : présence du ciel, lumières fluctuantes, douceur de la nuit, vent, gelée nocturne, odeur de la pluie au petit matin…Nous nous sommes mis à respirer autrement.
Mais ce qui nous a surtout intéressés, c’est la manière dont nous sollicitions le spectateur dans ce type d’installation. Nous avons trouvé une forme, propice à cette « attention flottante » que nous recherchions : la présence et la distance à la fois…
Si nous parlons volontiers de « paysages » ou de « jardins », c’est en référence à cet état du promeneur qui nous semble une humeur privilégiée pour penser léger…
Si demain nous prenait l’envie de refaire un spectacle, nous ne nous l’interdirions pas. Il suffirait de reprendre quelques exercices d’assouplissement…Les hanches par exemple, [et les relations avec les programmateurs….].
 

Comment votre expérience de chorégraphes se révèle-t-elle dans vos installations qui ne mettent jamais en présence des interprètes [sauf parfois dans les images] ou des corps [exceptés ceux des spectateurs] ?

Nous n’avons pas senti de rupture dans le passage d’une forme à une autre, du spectacle aux installations. Nous avons continué à penser de la même manière, enrichie maintenant d’autres expériences.
Nous n’avons peut-être fait que déplacer la scène, en substituant aux corps des danseurs ceux des spectateurs, qui dansent aussi parfois.
Ceci dit, les spectateurs dansent beaucoup aujourd’hui devant les installations, presque trop. Ils sont tellement invités à bouger qu’ils n’ont plus le temps de regarder ce qui se passe. Ils sont un peu instrumentalisés par la technologie. Mais c’est une autre question.
 

Trisha Brown disait : danser, c’est résoudre des problèmes.
Nous nous sentons assez proches de cette vision terre à terre du travail : approche très concrète qui suppose le plus souvent de mettre les intuitions, les concepts ou les discours à l’épreuve, dans l’expérience physique.
L’espace, pour un danseur par exemple, est un exercice technique aussi important que les pliés, les déroulés ou autre…(je dirais plutôt est une donnée aussi importante que les différentes techniques qu’il pratique au quotidien).
Très tôt donc, nous avons développé cette conscience par des voies très physiques.
Nos façons d’aménager les lieux et les sites que nous investissons en inscrivant d’emblée la présence du spectateur dans le dispositif nous semblent issus de cette mémoire-là.
L’agencement des images, des sons, de la lumière en synchronisation sur une partition est un mode de composition qui joue sur les rapports de mouvement. Le spectateur soumis à une simultanéité d’événements est incité à se déplacer, à ajuster sans cesse sa vision et ses modes de lecture. Ce qui nous ramène au promeneur…Un état de disponibilité à ce qui arrive, sans a priori, avec à tout moment la possibilité de prendre de la distance.
Nos installations sont des situations à expérimenter qui font appel à la mémoire sensible du spectateur. Elles existent sur les lieux de représentation, dans le temps de l’exposition puis elles disparaissent. Ce qui n’est pas sans relation avec la nature éphémère du spectacle.
Avons-nous répondu à la question ?
Cela dit, De Vous Deux
 

Justement, De Vous Deux me semble être une proposition assez différente de vos autres installations. Où la situez-vous dans votre parcours ?

De Vous Deux, en fait, est une réaction intempestive.
Dans un moment de fatigue, nous avons brutalement rêvé – curieusement, tous les deux nous avons fait le même rêve !- d’un dispositif léger, transportable, autonome qui puisse s’adapter à des lieux différents : changer nos habitudes en changeant de format !
Le support DVD s’est imposé assez vite avec l’enjeu de transposer notre mode d’écriture pour cet outil standard que presque tout le monde manipule.
Nous avons apporté quand même une petite transformation en faisant en sorte de diffuser quatre images différentes sur quatre moniteurs, à partir d’un seul lecteur.
Mais là où De Vous Deux est déroutant pour nous, c’est dans le fait qu’une seule personne y a accès – voire deux ou trois qui auront peut-être la curiosité d’assister à la navigation solitaire du détenteur de la télécommande –
Pas de déambulation, d’espace à parcourir, c’est assez contradictoire avec tout ce que nous venons de dire et ce que nous avons fait jusque-là. Alors ? Un Défi Volontairement Délicat !
Cette situation intimiste proche du home-cinéma nous pousse vers une « écriture autobiographique« , à deux évidemment et à actualiser des images que nous n’avons jamais montrées.
Dans notre rêve, De Vous Deux était un objet qu’on pouvait poser dans un coin, un peu comme un livre sur une table de chevet qu’on feuillette de temps en temps.

Mouvement.net - 18/10/06  (PDF - 191.1 kio)