un film de Pina Bausch, 1989, 98’
jeudi 22 mars à 20h | cinéma de la Vieille Charité
La plainte de l’impératrice [Die klage der kaiserin], 1989, 98’
réalisation et chorégraphie Pina Bausch avec Mariko Aoyama, Anne Marie Benati, Bénédicte Billet, Rolando Brenes Calvo, Antonio Carallo, Finola Cronin, Dominique Duszynski, Mechthild Grossmann, Barbara Hampel, Kyomi Ichida, Urs Kaufmann, Ed Kortlandt, Beatrice Libonati, Anne Martin, Dominique Mercy, Jan Minarik, Helena Pikon, Dana Sapiro, Jean-Laurent Sasportes, Mark Sieczkarek, Julie Anne Stanzak, Mark Alan Wilson
On connaît déjà Pina Bausch et son Tanztheater de Wuppertal à travers ses chorégraphies de théâtre dansé : Nelken, 1980, Bandoneon, ou plus récemment Ahnen au Théâtre de la Ville ; avec La plainte de l’impératrice, son premier film, on découvre une cinéaste.
Son regard saisit les images comme une suite de séquences, reflétant de manière onirique, une réalité quotidienne toujours en porte-à-faux. Tour à tour angoissantes, obsessionnelles ou burlesques, les scènes valsent sur une musique funèbre, nostalgique, dynamique ou exotique, charriant les clichés ou les fantasmes souvent morbides de notre société. Le regard est fondamental pour Pina Bausch, qui définit ainsi son activité :
« Ce que je fais ? Je regarde. Je n’ai jamais fait que regarder les gens. Je n’ai fait que voir, ou essayer de voir les rapports humains, afin d’en parler. Voilà ce qui m’intéresse. Je ne connais d’ailleurs rien de plus important. »
Dans un corps à corps avec la matière brute : la boue, la neige, la pluie, se produit la rencontre entre la poésie des couleurs vives, des transparences et de l’humour. La plainte de l’impératrice est un film sur la solitude, la peur, l’effort et la difficulté d’être aimé. le corps, habillé ou dénudé est à l’épreuve, les visages racontent l’histoire. Un homme déplace difficilement une armoire sur son dos, une jeune femme court en pleurant sa détresse, une autre offre son visage d’actrice à nu.
Recherche de soi-même, quête de l’autre, mais surtout ouverture à toutes les interrogations, ce film reste longtemps présent à la mémoire.