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SHIFT | Création 2023

année 2023

du 20 au 25 mars
Studio moD / Friche la belle de mai

Création 2023
✥ En résidence au studio de Marseille Objectif Danse du 20 au 25 mars

Écriture et mise en scène : Stéphanie Lemonnier – Lauréate de la bourse d’écriture Espace public 2022 Association Beaumarchais-SACD
Comédien·ne·s / Performeurs·euses : Yoann Boyer, Marion Pastor, Yannick Gonzalez-Altman
Scénographie : Cyrille André
Création sonore : Christophe Modica
Régie son : Bastien Boni
Vidéaste : Paule Sardou

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On se parle, on se regarde, on se raconte, mais l’on ne se voit pas rêver…

Depuis plus de 15 ans je me nourris de rêves et des questionnements que ces rêves suscitent. Cela m’a amenée à questionner finalement la notion même de « rêve ».

Où le rêve commence t-il ?

Au printemps 2020 j’invitais Arianna Cecconi, anthropologue spécialiste des rêves nocturnes, à proposer une expérience au public Marseillais : rêver ensemble. Un évènement au Parc Longchamp qui devait réunir environ 200 personnes à former un rêve commun. Mais il y eut nos confinements…

Ce projet s’est déplacé et s’est transformé, comme un rêve… il a pris la forme d’un paysage mouvant au gré des rencontres, des traversées de territoires où je suis allée récolter de la matière durant ces trois dernières années, en France, en Belgique, en Suisse, au Brésil, à Madagascar… en vue d’en extraire ce qui nous relie tou·te·s, cet intime universel au coeur du vivant élargi, et qui se déploie inexorablement.

Aujourd’hui ce sont plus de 300 récits qui composent ce paysage. Cette création s’inspire de cette récolte et invite le public à entrer dans la porosité des mondes, à suivre, et peut-être perdre le fil, en tous cas questionner sa relation à la réalité, à la fiction, au rêve…

J’ai écrit et mis en scène cette création en puisant à la source d’un ensemble de récits dont la structure narrative se veut jouissive par sa forme déstructurée, et dont la dramaturgie semble ne suivre aucune logique apparente si ce n’est peut-être la présence furtive de signes, d’évènements, dont la poésie relève de l’infini ineffable. Cette dramaturgie se dévoile à travers trois personnages, incongrus, apparaissant et disparaissant dans le paysage. Le « drame » de chacun·e apparaît en filigrane des rêves qu’iels racontent, et la relation intime entre réalité, rêve et fiction se distord pour parfois se confondre. La création sonore qui accompagne le fil narratif joue également un personnage qui vient interagir avec le public.

Je souhaite que cette création essaime ses récoltes, par le jeu, par la mise en partage à travers des objets audio (mise à disposition en écoute libre, diffusions radio,…), des objets papier (édition d’un recueil), des actions de territoires… où nous nous surprendrons à rêver ensemble, depuis la force d’un imaginaire commun. – Stéphanie Lemonnier

SHIFT est une performance poétique déambulatoire adaptée in situ, pour espaces non dédiés & paysages, où le public est muni d’un dispositif sonore immersif l’invitant à plonger dans la porosité des mondes, entre réalité et fiction, à travers quatre personnages…

Cette création est un voyage à travers nos « je » multiples, humain·e·s et non humain·e·s, et glisse sans cesse d’une dimension à une autre, suivant une partition écrite qui s’adapte à chaque paysage traversé, à chaque public rencontré.

Nous vivons là dans les rêves de cette feuille, de la colline là-haut, de ce tas de poubelles, du gros cailloux, du cours d’eau, de cet ilot de plastique au milieu de l’océan, de cette femme déambulant parfois public parfois…

SHIFT invite à la poésie de l’intime qui se joue à travers nos imaginaires.
Le public est invité dans un arpentage des espaces de lisière – bordures de villes ou de villages, friches, ruines, terrains sauvages ou apprivoisés, parcs et jardins, forêts… – des espaces propices à décloisonner, à voir l’invisible se révéler, de nouveaux paysages apparaître ou disparaître dans le paysage. Les personnages jouent avec et dans le public, dans une marche rythmée par des étapes, des temps d’arrêt.

ce qui est certain c’est que rien ne se déroulera comme prévu

Je ( elle )
Je ( il )
Je ( iel )
Je ( ? )
Je (métamorphose)
Je ( nous )
Je ( vous )
Je ( it )
Je ( ut )
Je ( tout )
J’
Je (… )
Je ( paysage )
Je ( feuille )
Je ( colline )
Je ( ver de terre )

J’entends des voix.
J’entends toutes les voix, celles qui crient, celles qui susurrent, celles qui ne sont pas encore nées et celles qui ne naîtront jamais, celles qui chantent et celles qui pleurent, celles qui caressent et celles qui mordent, celles qui tuent…
Parfois pour ne plus les entendre je fais des listes dans ma tête, j’utilise toute la place pour ne laisser plus aucun espace vide. Hier j’ai compté le nombre de chats croisés, 186…

“ Je ” suis la multiplicité des mondes.
Je suis ce bruit sourd qui s’immisce et se faufile, qui susurre et qui caresse qui enveloppe et qui sourit qui ouvre les espaces et qui unifie mais ne résout rien… jamais… surtout pas… j’enveloppe avec légèreté, je tiens chaud comme un pull de mailles épaisses et souples.
Je suis l’arrêt.