ressources les personnalités chorégraphes Corinne Pontana spectacle après tout | spectacle 35 mn | reprise

après tout | spectacle 35 mn | reprise

jeudi 27 [19h] et vendredi 28 mai [21h] 2016
à la Friche la belle de mai

solo reprise

création 9 octobre 2015 à Klap en coréalisation avec marseille objectif DansE

chorégraphie, interprétation, scénographie Corinne Pontana
regard extérieur, musique, composition sonore, textesFrançois Bouteau
lumière Xavier Longo
production compagnie Abdel Blabla | coproduction Klap maison pour la danse | avec le soutien de marseille objectif DansE et de La Liseuse [prêt de studio]

 
Dans l’envie naissante d’un solo, j’ai choisi très vite trois objets, ’restes d’objets’ en fait, abandonnés dans un lieu improbable où ils auraient complètement perdu leur utilité, leur sens. Mais après tout…

 
Cette vision ne venait pas de nulle part, lors de mes nombreux voyages avec la compagnie Ex Nihilo j’ai vu des espaces très différents, j’ai pris goût à certains territoires, des noman’s land, des lieux de perditions. J’ai été profondément marquée par ces endroits chargés de présences humaines disparues, comme effacées du paysage, mais pourtant complètement perceptibles.
Cette vision de perdition, je la ressentais en imaginant ces objets, là, posés au sol : je me glissais dans la peau d’une femme, dernier être humain sans doute. Je sentais mes impressions personnelles, par une juste transposition, s’incarner dans cet être. Mais après tout…

 
Une lecture est venue à point nommé :
« … Tous les habitants périrent- ils en même temps dans une catastrophe globale ou s’éteignirent-ils progressivement jusqu’à ce qu’il ne demeure plus qu’un seul survivant ou survivante, qui survécut avec ses souvenirs de nombreuses années encore ? On sait ce qu’il advint de la population indienne de l’île de San Nicolas, dont la population finit par n’être plus représentée que par une seule femme qui survécut dans l’isolement le plus complet pendant dix huit ans (the Lone woman of San Nicolas) »
« Effondrement » de Jared Diamond

 
L’état de solitude pour un solo me convient bien, une solitude dont la raison ne serait pas un désir mais une obligation.
Il me convient bien également de placer cette femme comme un quatrième objet, aussi décalé de son rôle que les trois autres, et mettant avec eux en évidence… l’absence. Mais après tout…

 
Il y a eu… Il y a eu un effondrement, il y a longtemps déjà.
Des bruits de craquements traversent l’air, ou peut être ne traversent-ils que son esprit, des bruits de craquements, de grincements, qui sont eux aussi preuve d’une présence humaine, passée, ou rôdant par là.
Mais maintenant… exclue de toute nature, de tout lieu vivant, de toute humanité… elle impose cependant un désir de vie. Un réflexe vital la pousse, quand le présent n’a de prise qu’en regard du passé, et quand l’avenir …‘aurait été’, elle ne cède par instants que pour repartir autrement.

 
Après tout dans ce solo, je veux que ce soit la danse qui raconte cela, que la moindre détresse soit balayée par une nouvelle envie-dansée, et qu’on comprenne cette danse comme une intuition, plutôt qu’une solution.

 
Corinne Pontana