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Black and light, cinéma expérimental

samedi 7 février 2004 à partir de 14h
au [mac], Musée d’art contemporain de Marseille

Une collaboration marseille objectif danse / [mac], musée d’art contemporain de marseille.

Séance spéciale de cinéma expérimental autour et en clôture de l’exposition 8’26’’ de Ann Veronica Janssens et de l’intervention chorégraphique de Pierre Droulers.
 

Projections sur une proposition de Pedro Morais, programmateur de cinéma expérimental.
 

 

14h - 15h30 Projections au cinémac

Lichtspiel schwarz-weiss-grau de Laszlò MOHOLY-NAGY, 1930, 5 min 30, 16 mm, NB, silencieux (jeu de lumière-noir-blanc-gris)
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Ce film était prévu pour une composition en six parties, qu’incluaient différentes sortes de lumières : une allumette, des phares automobiles, des reflets, la lune, des projections de couleurs avec des prismes et mirroirs. Il n’y a que la dernière partie qui a été tournée et le résultat est très loin du projet de l’artiste.
Superpositions d’objets métalliques et d’ombres. Ombres réapparaissant, soudain l’ombre d’un ballon, auréole de lumière crue, se jouant sur l’ombre antérieure. L’accessoire lumineux tourne sur lui-même ; on le voit d’en haut, d’en bas, de devant et de derrière, dans un mouvement lent, accéléré, ralenti, inversé.
© Adagp, Paris 2006
 
Gyromorphosis de Hy HIRSH, 1956, 7 min, 16 mm, couleur, sonore
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Ce film a été réalisé pendant son séjour à Amsterdam, à partir d’une sculpture cinétique de Constentin Niewwenhuis, adaptant le Modulateur espace-lumière de Moholy-Nagy au contexte des années 50, entre jazz et expressionnisme abstrait.
 
Vision élargie de Jacques CURTY, 1979, 12 min, 16 mm, couleur, silencieux
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Dans son premier film, Curty cherche à dépasser l’illusion du cadre comme fenêtre sur le réel, un héritage de la peinture classique du Quattrocento. il reprend le motif de la fenêtre mais dans de jeux de lumière et de multiplication de cadre.
 
Komposition in Blau de Oskar FISCHINGER, 1935, 4 min
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Ce film connut un grand succès et fut primé au festival de Venise. Il lui causera des problèmes avec les autorités nazies, mais lui permit de signer un contrat avec les studios d’Hollywood. Il le réalise pour son plaisir, alors qu’il travaillait à des films publicitaires pour cigarettes, à partir de pains de cire à modeler de différentes couleurs.
 
Vision de Dirk de BRUYN, 1984, 3 min, 16 mm, couleur, sonore
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Ce film est l’aboutissement d’une série exploitant le travail de peinture directement sur la pellicule, cécolorée, teinte et recolorée pour créer des rythmes de formes géométriques (inspiré par Mondrian), accompagnés par une musique de Michaël Luck
 
Chromophonie de Alexandre VITKINE, 1967, 7 min, 16 mm, couleur, sonore (musique de Alain Dubois)
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Sur fond noir, des figures lumineuses simples, qui le plus souvent sont des figures de Lissajous plus ou moins complètes, changent de forme et suivent des trajectoires qui sont aussi des figures de Lissajous. Le film était fait avec le tube rond d’un téléviseur des années 50 sans balayage ; les signaux sinusoïdaux commandaient directement la bobine de déviation. Tout le matériel était à lampes. Les couleurs furent obtenues par un disque à six secteurs colorés qui tournait devant l’objectif de la caméra Bolex 16mm. Ce matériel se trouve maintenant dans les réserves muséologiques de la Cité des sciences et de l’industrie de Paris.
 
7362 de Pat O’NEIL, 1967, 10 min, 16 mm, couleur, sonore (recording : Gary Margolis, assistant Tinta, son : Joseph Byrd, Michaël Moore)
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Un film psychédélique qui joue autour de la fusion des formes mécaniques en mouvement (une pompe de puits de pétrole) avec des lignes fluides et organiques d’un corps qui danse. Une prolifération de symétries où sont éliminés l’espace et la perspective, donnant au film une sensualité picturale. La fusion rythmique interagit avec la musique de Joseph Byrd. Ce compositeur avait fait un passage sur la scène Fluxus à New-Yorkavant de retourner à Los Angeles, où il devient un des pionniers de la fusion de l’electronique avec la pop à travers des synthétiseurs
 
Color sequence de Dwinell GRANT, 1943, 2 min 30, 16 mm, couleur, silencieux
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Le premier film de clignotements lumineux, très en avance sur les expériences des années 60. Des couleurs pures qui se dissolvent dens le mouvement, conçu pour tester les effets psychiques du changement des vitesses des couleurs, provoquant des résultats « hypnotiques inquiétants ».
 
Mothfight de Vanda CARTER, 1985, 8 min, 16 mm, NB, sonore
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Un papillon de nuit se bat pour échapper à la lumière. L’ampoule électrique et la flamme d’une bougie sont mortelles alors que l’obscurité est signe de sécurité et de vie. Le cinéaste met en cause les significations symboliques acceptées de la lumière comme le bon, l’ordre, la vérité et la vie, à l’opposé de l’obscur qui représente le mal, le chaos, la mort. « J’ai souvent été paniquée par les responsabilités de la vie diurne, épuisée par la présupposition que ce qui est vu doit être réel. » La dimension parodique est accentuée par la musique qui rappelle Le vol du bourdon. Tout allait bien.
La fin est cependant inévitable.
 
Stadt in flammen de SCHMELZDAHIN, 1984, 5 min, 16 mm, couleur, sonore
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Une attaque de la texture de la pellicule d’un film de série B à travers des bactéries et du chauffage jusqu’à liquidifier ses couleurs. Ce film est resté dans un jardin pendant plusieurs mois : le résultat, surprenant, les a orientés vers la détérioration comme potentiel artistique.
 
Colour separation de Chris WELSBY, 1974-76, 2 min 30, 16 mm, couleur, silencieux
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Tout ce qui se meut dans le paysage devient une couleur qui se sépare du contexte figé. Une peinture impressionniste en mouvement où le temps semble participer à la construction des couleurs.
 
Jazz of lights de Ian HUGO, 1954, 16 min, 16 mm, couleur, sonore
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A partir de réalités quotidienns, Ian Hguo fait surgir des improvisations virtuelles. Dans les rues de New-York, traversant les reflets, Anaïs Nin et Moondog apparaissent dans un jeu de contraires.
 

 
15h30 - 16h45 : visite commentée de l’exposition 8’26’’ de Ann Venorica Janssens

 
16h45 : intervention chorégraphique par Pierre Droulers, Éric Houzelot et Mathias Poisson

 
17h30 - 19h30 Projections au cinémac
Filmstudie de Hans RICHTER, 1926, 5 min, 16 mm, NB, sonore
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Un oeil tourne dans l’espace et se multiplie. Un visage se dédouble. Un appel à un autre regard, démultiplicateur, cherchant les métamorphoses des reflets, nous renvoient au rêve. C’est une oeuvre de transition où se mélangent les formes géométriques de ses premiers films et des prises de vue du réel sous l’influence des surréalistes qui venaitent de faire irruption en France
 
Colour flight de Len LYE, 1938, 4 min, 16 mm, couleur, sonore
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Pour financer ses film, Lye a eu recours à des commandes publicitaires, comme dans ce cocktail de couleurs pour les lignes aériennes britanniques. Il utilise souvant la musique populaire pour renforcer un caractère chorégraphique et convoquer les énergies que la musique classique avait selon lui oublié.
 
Colour box de Len LYE, 1935, 4 min, 16 mm, couleur, sonore
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Len Lye a trouvé un soutien important de la part de John Grierson qui dirigeait la section cinéma de la Poste Britannique. Il est engagé pour amener de nouvelles idées et techniques, introduisant une tache de couleur ludique dans les programmations austères. C’est un des premiers films connus utilisant de la peinture sur pellicule, accompagné par l’orchestre cubain Don Barreto.
 
Dervish machine de Bradley EROS & Jeanne LIOTTA, 1992, 10 min, 16 mm, couleur/NB, sonore
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Un film inspiré de la Dream Machine de Bryon Gysin, le mysticisme Soufi et le pré-cinéma des objets cinétiques. Une expérience de la fragilité de l’impermanence.
 
Berlin horse de Malcolm Le GRICE, 1970, 9 min, 16 mm, couleur, sonore
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Un film fauviste dans son traitement intensifié des couleurs. Il est composé de séquences refilmées d’un film d’archive et d’un film tourné à Berlin, qui construisent des boucles visuelles avec des variations de texture chromatiques, mettant en avant le caractère pictural du cinéma. La musique répétitive de Brian Eno reforce l’effet de cercle hypnotique des jeux de couleurs et de multiplications de cadre.
 
Sculptures, projections, peintures de Jacques BRISSOT & Nicolas SHÖFFER, 1956, 4 min, 16 mm, couleur, silencieux
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C’est le premier film réalisé avec les oeuvres cybernétiques de Nicolas Shöffer par Jacques Brissot. En Psychologie, on qualifie ses oeuvres de « massage neuronal » dynamisant le cortex cérébral. De fait, l’intention de Schöffer était de rendre possible une autre expérience de perception et de vie à travers l’art.
 
Turn, turn, turn de Yud YALKUT, 1965-66, 10 min, 16 mm, couleur, sonore
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C’est un film représentatif de son temps, avec les machines cinétiques proches du psychédélisme du collectif USCO (responsable de la bande son à partir du titre des Byrds). Une composition graphique orchestrée par le moyen de superpositions et jeux de lumières visant à nous amener à d’autres états de conscience.
 
3/78 de Larry CUBA, 1978, 6 min, 16 mm, NB, sonore
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Une chorégraphie presque mathématique d’objets constitués de dizaines de points lumineux qui se transforment dans le mouvement, au son du shakukachi (flûte de bambou japonaise). Ce film a été réalisé à Chicago avec un système innovateur de graphisme, résultant des miroitements d’une fontaine lumineuse.
 
Lapis de James WHITNEY, 1963-66, 10 min, 16 mm, couleur, sonore
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Un film alchimique qui transforme des milliers de points multicolores en un mandala aux mutations hypnotiques. Whitney voulait trouver une qualité proche de la « substance qui imprègne l’univers avant qu’il ne commence à s’éffondrer, se diviser en un monde plus fini ». Dans la deuxième partie surgissent des espaces noirs entre les points « élargissant ainsi le dialogue entre l’être et le néant ».
 
Impulses de Jim DAVIES, 1958, 10 min, 16 mm, couleur, sonore
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C’est une chose d’avant l’humanité lui a dit la chorégraphe Martha Graham à propos de ses films. La radicalité de Davies était fulgurante : frustré par le caractère statique de la peinture, mais aussi par les limites du corps dans le cadre de la danse, il défendait le caractère résolument moderne du cinéma. Pour qu’il devienne un art à part entière, le film devait se détourner de l’enregistrement du monde pour intégrer la liberté musicale de la lumière en mouvement.
 
T.O.U.C.H.I.N.G. de Paul SHARITS, 1968, 12 min, 16 mm, couleur, sonore
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Ce film travaille sur la pertinence rétinienne du clignotement de couleurs mêlé à des images « subliminales » de positions érotiques ou de fantasme de mutilation de la langue ou de griffures. En maximisant la portée de chaque photogramme dans la vitesse de projection, il cherche à atteindre des états émotionnels extrêmes (proches de l’epilesie), de façon à atteindre une conscience pure - il s’intéresse au bouddhisme tibétain - avec des « pillules de temps colorées » (portée par son expérience des drogues hallucionogènes). La voix du poète beat David Franks renforce l’effet circulaire d’un mandala.
 

 
17h30 - 19h30 Projections dans le hall
Line describing a cone de Anthony McCALL, 1973, 30 min, 16 mm, NB, silencieux
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Un film qui transforme le faisceau lumineux du projecteur en matière. C’est une oeuvre emblématique qui a brisé les frontières entre le cinéma expérimental, la sculpture et l’installation. McCall ne voulait pas qu’il soit projeté dans une salle de cinéma, mais dans un espace déhiérarchisé, sans séparation entre cabine et salle, sans rangée de sièges et sans écran.