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Both sitting duet

du jeudi 3 au samedi 5 juin 2004 | Friche la Belle de Mai

Co-productions : The Arts Council d’Angleterre ; Jonathan Burrows
Group ; NOTT Dance Festival, Angleterre ; Kaaitheater Bruxelles ;
PARTS/Rosas, Belgique et le Laban Centre, Londres.

avec Jonathan Burrows et Matteo Fargion
 

Créé en Octobre 2002 au Kaaitheater à Bruxelles, le duo a été donné
à Frankfurt, Stockholm, Nottingham uk, Paris (La Ménagerie de Verre),
Vienne, Berlin, Milan, Lisbonne, Yokohama, Montreal,
Klapstuk/Leuven, Londres et Chester uk.
 

Le chorégraphe britannique Jonathan Burrows retrouve son complice Matteo Fargion autour d’un duo foisonnant et minimaliste. Une partition à quatre mains où la danse s’éclipse pour céder place à un nouveau langage rythmique.
Deux chaises, deux hommes assis, cahiers au sol. C’est le postulat de départ de Both Sitting Duet. Rien d’ostentatoire, aucune entreprise de séduction, juste la rencontre de deux personnes. C’est justement à partir de ces rencontres que Jonathan Burrows développe son travail. Après avoir initié un duo avec le metteur en scène Jan Ritsema (avec la pièce Weak Dance Strong Questions), son choix se porte sur le compositeur italien Matteo Fargion. Ce dernier a déjà collaboré avec Jonathan Burrows, notamment sur la
vidéo Hands, mais se retrouve pour la première fois sur le plateau en compagnie du chorégraphe.
De "mains", il est une nouvelle fois question dans ce Both Sitting Duet. Elles seront le relais dans la découverte de l’autre, là où la voix n’a plus sa place dans la conversation. On ne peut s’empêcher de penser à la langue des signes, qui elle aussi crée un dialecte par le mouvement. Assis côte à côte, Jonathan Burrows et Matteo Fargion s’entretiennent, se questionnent, réfutent et s’amusent des structures chorégraphiques préétablies. Les gestes les plus anodins se retrouvent déplacés au sein d’une gestuelle élaborée, employant ainsi les attitudes les plus journalières au sein d’une réflexion chorégraphique. On assiste à un dialogue savoureux où se développe une discrète musique de peau, entre frottement et échappée. Car si le travail rythmique est évident, Matteo Fargion n’est pas ici dans une position de compositeur. Pas de trace de sa musique, juste un corps. En l’occurrence celui d’un homme dont la danse ne constitue pas le principal moyen d’expression. Cela a son importance, puisque Jonathan Burrows ne s’appuie pas sur une technicité outrancière, ne recherche jamais l’effet.
Au delà de la virtuosité de ce micro ballet, Both Sitting Duet tente de toucher l’essence du mouvement. C’est dans cette confrontation entre l’exercice du mouvement dans la sphère artistique et d’un mouvement quotidien dégagé de toute conscience que naît une belle réponse. Celle de la nécessité de la danse en tant que langage. Une de ses qualités premières, qui se révèle humblement dans les travaux de Jonathan Burrows.

Justin Morin, 7 janvier 2003