Heu ! Et autres bruits...

scénographie, mise en scène, images Groupe Dunes - Madeleine Chiche et Bernard Misrachi chorégraphie Madeleine Chiche et Bernard Misrachi en collaboration avec François Bouteau, Anne-Sophie Fayolle, Martine Pisani, Philippe Riéra interprètes François Bouteau, Madeleine Chiche, Anne-Sophie Fayolle, Martine Pisani, Philippe Riéra sons Olivier Renouf et Bernard Misrachi lumières Bruno Faucher régie générale Bruno Faucher
 

Cette création a été présentée au Théâtre de la Bastille à Paris, du 14 au 18 février 1996.
 

Un peu plus loin, le titre, comment pourrait-on dire, c’était une boutade au départ.
Tous nos titres, depuis quelques temps, ont un peu ce même ton. Ce sont de petites phrases qu’on peut prendre par différents bouts, qui sont un peu suspendues. En fait, c’est rarement sérieux, ou seulement sérieux.., ça n’est pas éloigné non plus du ton des spectacles. Il y a une phrase qui est en exergue à chaque début de travail : ne rien prendre au pied de la lettre... Il y a un peu de méfiance aussi là dedans, se méfier de tout et d’abord de soi-même. Mais une méfiance qui ne serait pas mal intentionnée.
Pour en revenir à Heu ! Et autres bruits..., heu et bien heu !, c’est une expression d’usage courant. Dans la conversation que nous avons là à trois, on pourrait compter le nombre de fois où elle revient. Quant à autres bruits..., ce sont les diverses connotations du mot bruit qui nous ont intéressés. D’une façon générale, le bruit, c’est ce qui gêne, soit parce que c’est gênant effectivement, les décibels, certains sons, soit parce que ça reste indéfinissable, non reconnaissable. Quand il y a une musique qu’on n’aime pas, on dit c’est du bruit. Quand on ne veut pas entendre quelque chose, on dit c’est absolument inaudible, ça ressemble à du bruit... c’est même quelquefois chargé de mépris... et là ça renvoie à la façon dont nous prêtons attention aux choses, dont nous les percevons, dont nous acceptons d’en faire cas ou pas... Dans certains domaines scientifiques, de plus en plus la notion de bruit est liée à celle de désordre, mais que l’on peut considérer comme une donnée complémentaire de l’ordre et qui permet à certains systèmes d’évoluer vers plus de complexité... C’est drôle, en vidéo, il y a « un effet de bruit », un trucage qui rajoute du grain à l’image, un léger trouble... du caractère peut-être... nous on est là, cette ambivalence on en est curieux, on a l’impression que c’est là qu’il faut travailler parce que c’est là qu’on peut « avancer » dans nos capacités à percevoir les choses... Mais un titre, c’est une indication de sens, de direction... ça offre souvent un prétexte a gamberger ....
Au départ de Un peu plus loin, et de Heu ! Et autres bruits... qui en est le prolongement, il y avait l’idée de faire le point et une question comme ça qui nous amusait : dans quel état sommes-nous, là, maintenant ? On l’aime bien cette question. Dans Vite, peut-être, la question était formulée différemment, c’était de quoi avons-nous l’air ? Et Philippe l’avait prise dans le sens de « d’où nous vient l’air ». C’était une belle interprétation.
En fait Heu Et autres bruits.., est un spectacle d’humeur, le point de départ c’est une humeur qu’on essaie petit à petit de faire émerger à travers le son, l’image, la danse.