jeudi 6 et vendredi 7 mars 2008 à la Cartonnerie, La Friche La Belle de Mai
production le Manège de Reims, scène nationale, création le 23 mai 2005 au Manège de Reims dans le cadre du Festival Décadrage.
auteurs - concepteurs - interprètes : Stéphanie Aubin, Pascale Houbin, Christophe Huysman, Pierre Meunier régie générale et lumière Arno Veyrat régie son Sébastien Morin éléments de décor Brice Bérard, Guy Dinet, Joël Quenet son Cesare, studio de création musicale
Avec un humour tout « étonniste », la question est posée en public... et avec lui. Stéphanie Aubin, Pascale Houbin, Christophe Huysman et Pierre Meunier, quatre auteurs issus du théâtre, de l’écriture, des arts chorégraphiques et visuels, qui ont en commun la richesse de parcours artistiques qui joignent le geste à la parole. Ensemble, ils inventent ici une performance visuelle et verbale qui plonge les spectateurs au cœur d’une expérience esthétique - qui, précisément, interroge l’expérience esthétique - par un dispositif de casques et de micros. Selon la fréquence d’émission, chaque spectateur est pris à témoin (par l’oreille) du conte d’un acteur, happé par ses mots, ses souvenirs sensibles, ses gestes passeurs de sens. Sourd aux propos des autres acteurs, mais visuellement écoutant et en contact avec les spectateurs qui vivent d’autres
expériences, chacun invente son propre conte. Les « étonnistes » poussent la confidence et dévoilent, chacun à leur manière, ce que nous sommes susceptibles de traverser au contact d’une œuvre : le trouble, l’effroi, l’éblouissement, l’étonnement, la gratitude... Éprouver ce saisissement, cet effroi, ce trouble, serait-ce s’étonner, soudain, d’être en vie ?
« Pour se souvenir, ensemble, et transmettre intimement
ce en quoi nous avons besoin, en tant qu’individus, de nous nourrir,
nous confronter à des œuvres quelles qu’elles soient.
Histoire de s’entraîner à [re]nommer ce qui, peut être, nous semblait couler de source.
C’est sans doute au moment où l’on nous retire notre verre
que les mots viennent pour dire pourquoi nous avons besoin de boire (restons en à l’eau pour l’instant !),
et pourquoi c’est vital pour ce que nous avons à devenir collectivement.
Il y est question de cohésion, de la cohésion de notre être et du monde, de notre "être au monde".
Il y est question de jouissance autant que d’effroi, d’espérance autant que de résistance... »
« En ce monde le malheur va bon train
à l’horizon on entend rouler en grondant les catastrophes à venir
grandit la tentation de s’isoler
de camper sur du définitif
en détestant toute contradiction
ainsi cuirassés
séparés de nous-même
laisserons-nous la peur nous servir de guide ?
Recueillir ensemble les preuves fragiles de notre résistance
nous étonner encore d’être
et sentir résonner le multiple
comme des étages soudain traversés par la même lumière. »
« Parce que l’acte artistique m’est vital,
parce qu’il est unique pour l’humain,
parce qu’il est, par essence, un lieu mobile, souple, actif, re-actif,
Parce qu’il est en danger "de vie" dans la société du spectacle,
parce qu’il doit être défendu,
parce qu’il est un passeur d’âme.
Des évènements sonores, visuels, écrits... m’ont permis de créer,
alors je voudrais vous en parler et ainsi leur donner une suite étonnante. »
« Avoir un saisissement, une vision, un trouble, entendre ou voir certaines choses, certains déroutements alentour de soi et certaines œuvres qui laissent des traces indélébiles dans le comportement d’un être humain (quel qu’il soit), rapporter sa mémoire de ça et la partager collectivement avec d’autres artistes et avec le public, avoir du coup à se souvenir et à trouver des issues pour faire valoir ces interstices où le temps et l’espace abordent et dessinent d’autres dimensions de l’être humain. »