les mardi 4 et mercredi 5 octobre 2005 à la Friche la Belle de Mai
production : Raimund Hoghe (Düsseldorf)
coproduction :
Montpellier Danse (Montpellier), Theater im Pumpenhaus (Munster)
avec le soutien de :
Kaaitheater (Bruxelles), STUK (Louvin), Groupe Kam Laï (Paris)
conception Raimund Hoghe chorégraphie et danse Raimund Hoghe, Lorenzo De Brabandere musique Igor Stravinsky lumières Raimund Hoghe, Amaury Seval son Frank Strätker
En arrachant certains fragments à Young People, Old Voices, magnifique pièce de groupe créée en 2003, le chorégraphe allemand Raimund Hoghe vient puiser son inspiration dans la partition musicale de Stravinski. Sacre- The Rite of Spring a la force et la détermination d’un manifeste.
"La Réalisation vient de la pratique, ainsi la Réalisation est sans limite ; la Pratique se trouve dans la Réalisation, ainsi la Pratique n’a pas de commencement." Dogen, citation-poème n°446
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En effet. Dans Young People, Old Voices, on pouvait déjà remarquer la présence du jeune performer Lorenzo De Brabandere. A l’époque, certains spectateurs sortent de la salle gênés, embarrassés par une impression— mal identifiée le plus souvent— au sujet de cette relation naissante et déjà tellement privilégiée. Raimund Hoghe déclarait alors à ce sujet : « Lorenzo est un interprète d’une grande qualité. Il est plein de ressources et il est capable d’improviser dans la durée ; nous avons d’ailleurs laissé beaucoup de matériaux de côté pendant le travail sur cette pièce. Après avoir travaillé avec un groupe de 12 personnes, j’aimerais beaucoup revenir à une petite production pour utiliser le Sacre du printemps dans son intégralité... en même temps, ce serait magnifique de pouvoir réaliser ce projet avec un orchestre pour jouer la musique live. Je me reconnais beaucoup dans Lorenzo, il m’a beaucoup encouragé pendant le travail de création et nous avons noué une relation très forte. Ce projet à partir du Sacre sera différent, car si je me plais à réutiliser un même élément dans un contexte différent, je ne me contenterai pas de refaire la même chose. » Pour enfin ajouter : « Ce garçon a un potentiel énorme, j’aurais vraiment tort de ne pas l’utiliser. » C’est aujourd’hui chose faite.
Pas d’orchestre sur scène ou dans la fosse mais le fantôme d’Igor Stravinski est bel et bien là -au travers de sa voix, au présent- puisque deux enregistrements ouvrent et clôturent la représentation, démultipliant pour le spectateur une incroyable force de projection, ouvrant d’infinies possibilités de résurgences -au travers de son histoire, de sa mémoire... A ce titre, et ce n’est bien évidemment pas le seul, Sacre - The Rite of Spring est certainement le plus bel hommage jamais offert au compositeur russe mais plus encore à la mémoire du temps qui passe. La gestion de la durée, si particulière dans le travail du chorégraphe, trouve dans la contrainte de la partition musicale une liberté insoupçonnée. Raimund Hoghe et Lorenzo de Brabandere sont des corps aiguilles parfaitement réglés, et leur duo est un concentré, une magnifique réduction du temps de l’œuvre d’un grand homme de théâtre qui démontre avec son Sacre toute sa capacité à se renouveler, à se réinventer sans perdre une once de la richesse qu’on lui connaissait. Et il n’a pas perdu, non plus et à tout le moins, un soupçon de son honnêteté.