ressources Mark Tompkins spectacle empty holes - la vie l’amour et la mort de John et Doris Dreem

empty holes - la vie l’amour et la mort de John et Doris Dreem

mercredi 1er octobre à 20h, jeudi 2 et vendredi 3 octobre à 21h00 à la Friche la Belle de Mai, salle Cartonnerie

dans le cadre d’ actOral.7

Solo créé en avril 1983 au Festival Bonjour à Perpignan.
Production : compagnie I.D.A. Mark Tompkins, avec le soutien du Théâtre de la Cité Internationale et de marseille objectif DansE. La compagnie I.D.A. est conventionnée par la Ville de Paris et subventionnée par la DRAC Ile-de-France, ministère de la Culture et de la Communication au titre de
l’aide aux compagnies conventionnées.

concept, textes, chansons et interprétation Mark Tompkins
collaboration à la mise en scène Gérard Gourdot
collaboration à la lumière Alain de Cheveigné
 

empty holes a été créé en juin 1983. II a marqué la fin d’une collaboration de cinq ans avec Lila Greene [Les Productions Lima Dreem] et célébré la fondation de la compagnie I.D.A. [International Dreems Associated].
En 1976, Jacqueline Robinson, que j’avais rencontrée un an après mon arrivée à Paris, m’invitait à présenter une soirée dans son studio Avenue Junot. Je créai pour l’occasion naked traces, mon premier long solo. Pour la première fois j’introduisais Doris Dreem, un personnage qui réapparaîtra à maintes reprises au cours des huit années suivantes. En 1978, le partenaire de Doris, John Dreem apparaissait pour la première fois dans love letters, puis l’année suivante dans un autre solo, each one’s own. Je jouais les deux rôles.
Quand Lila et moi avons commencé à travailler ensemble en 1978, nous avons décidé de continuer l’exploration de la relation entre John et Doris en doublant leurs présences sur scène. Chacun jouait Doris, chacun jouait John. Nous avons créé Double Sens, Sweet Dreems et À Voile et à Vapeur. Notre dernière création ensemble en 1982, La Séparation de Biens, était en fait composée de deux solos, Lila’s Swooning Slugs et la première version de empty holes. Mon solo était inspiré et influencé par ma collaboration avec l’éclairagiste Alain de Cheveigné et son travail fascinant avec des ombres. Travaillant avec la démultiplication de ma propre ombre dansante, je passais les deux tiers du spectacle derrière un écran. John et Doris n’étaient pas présents.
 

Afin de faire la transition de la collaboration fructueuse avec Lila à mon nouveau rôle de directeur artistique de compagnie, je décidai de faire une version nouvelle et définitive en réinjectant John et Doris dans le solo - empty holes - la vie l’amour et la mort de John et Doris Dreem. Le spectacle reprenait beaucoup des thèmes et des obsessions que j’explorais et développais depuis mon arrivée à Paris en 1973 : la vie, l’amour, la mort ; les questions d’identité et de genre ; la multiplication et les miroirs de soi et de l’autre ; la combinaison de mouvement, voix, texte, chant, lumière et son afin de créer des images composites et complexes. Ce spectacle m’a permis de conclure et faire le deuil de mes premières années à Paris, et de faire un pont vers la prochaine étape - créer la compagnie, développer et diriger des groupes plus importants, transmettre mes idées et mes visions à d’autres collaborateurs - interprètes, musiciens, scénographes, éclairagistes...
 

Depuis toujours, je suis presque systématiquement passé d’un solo à des projets de groupe.
Le processus de faire un solo est par nature solitaire, mais l’exaltation et la profondeur de jouer seul est extrêmement instructif et enrichissant. Cela a toujours été un moyen de chercher, définir et vérifier pour moi-même les matières et les outils que je souhaite transmettre et partager avec les interprètes dans des pièces de groupe. Le processus de groupe est plus
social - enjoué, conflictuel et grégaire - et à cause du nombre, facilite la construction d’images complexes.
Une image complexe est une image avec plusieurs dimensions - d’abord le surface appeal, l’apparence vraisemblablement superficielle. Ce que vous voyez. Le premier degré. Puis il y a la contradiction, contenue dans l’image à travers l’accumulation et la distribution des forces antinomiques.
Ensuite s’ajoutent, par les processus d’association, de citation et de référence, tous les sens, inversions, contradictions et contre sens imaginables et inimaginables. Une image complexe oblige le spectateur à travailler, à s’étonner, à réfléchir, à construire son propre point de vue à partir de ce qui est donné. Et honnêtement, j’adore quand le spectateur travaille.
 

Je n’ai jamais fait ni désiré faire aucune reconstruction de mes pièces. Chaque nouveau spectacle est un processus unique et vivant, fait avec et pour des personnes, des lieux et des moments spécifiques. Quand ça meurt, c’est fini. Mon répertoire consiste seulement en des pièces qui
sont encore jouées depuis leur création, et comprend actuellement Hommages, quatre soli créés entre 1989 et 1998, Song and Dance [2003], ANIMAL Mâle [2005] et ANIMAL Femelle [2007].
empty holes a été joué une dizaine de fois après sa création en 1983. C’est le seul spectacle dont j’ai sérieusement considéré la reconstruction, parce qu’il contient les graines de presque tous les thèmes et les obsessions qui m’ont poursuivi toutes ces années. Mais à chaque fois,
d’autres projets advenaient et devenaient prioritaires. Maintenant, vingt-cinq ans plus tard, j’ai décidé de le reconstituer, dans le sens de rendre visite à un vieil ami que tu n’as pas vu depuis des années. Ça fait surgir un déluge de souvenirs lointains, ça entre à nouveau dans le filtre du
présent et ça agit comme un catalyseur pour le futur.

Mark Tompkins,
janvier 2007