Rien ne prédestinait cette germaniste, diplômée de philosophie des Universités de Fribourg (Allemagne de l’Ouest) et de Halle (Allemagne de l’Est) à devenir chorégraphe… Sauf peut-être son éducation qui laissa une place immense à l’imagination, au flair et à la navigation à vue ! Son parcours est résolument atypique puisqu’elle s’affirme d’emblée en tant que chorégraphe sans passer par le statut d’interprète.
De retour à Grenoble au début des années 80, elle enchaîne les créations affirmant une gestuelle très personnelle puisée aux sources des courants américains et s’inscrivant plus particulièrement dans la mouvance de Trisha Brown.
À travers son parcours d’artiste, Christiane Blaise poursuit inlassablement le même but : instiller le vivant, défier l’ennui. Elle explore la forme particulière du solo avec Alfred et Sandrine, elle donne libre cours à ses souvenirs d’enfant avec les Danses à dormir debout, pièce qui nous embarque dans l’imaginaire et les rêves. Elle répond pour la première fois à une commande en 2000, celle de la Biennale de la Danse de Lyon, et puise sa vision des routes de la soie dans ses carnets de voyages.
« Ce qui m’intéresse », dit-elle, « c’est montrer ce qui reste de beauté au monde ».
Dans le même temps Christiane Blaise poursuit une mission de transmission, essentielle à l’apprentissage de son langage chorégraphique. Elle choisit de guider ses interprètes en invitant régulièrement depuis 20 ans des pédagogues internationaux dont l’enseignement est en cohérence avec sa démarche artistique. Il s’agit de continuer à apprendre selon Platon, c’est-à-dire recouvrer sa légèreté originaire, récupérer ses ailes et prendre son envol.
Transmettre c’est aussi imaginer et créer des espaces conducteurs et protéiformes dans lesquels le spectateur a l’opportunité de devenir acteur sans distinction d’âge, de culture ou d’identité sociale. Christiane Blaise associe le public, élément déclencheur, révélateur, voire perturbateur, à son processus artistique.
Après 25 ans de création, elle fonde en 2004 le Pacifique, lieu de fabrique, d’accompagnement et de production qui deviendra Centre de développement chorégraphique et le dirigera jusqu’en 2016.