ressources Daria Faïn spectacle Every atom of my body is a vibroscope

Every atom of my body is a vibroscope

Le 23 novembre 2004 à la Friche la Belle de Mai

conception et chorégraphie daria faïn danseuses amy cox et smruti patel composition sonore part 1 raul enriquez
composition musicale part 2 ned rothenberg
conception lumière thomas dunn
 

L’invisible et l’imperceptible n’ont pas le même poids.
Anonyme (aveugle et sourd)

 

Ce travail est inspiré par le livre de Madeline Gins : Helen Keller or ARAKAWA.
Les écrits d’Helen Keller (HK) et d’Annie Sullivan (son professeur), certaines recherches en neurosciences, notamment les écrits d’Oliver Sacks, ainsi que les Mathématiques Tactiles de Bernard Morin sont aussi les sources de ce travail.
En latin sapere (savourer) se traduit par distinction.
En énergétique chinoise l’organe du coeur est associé à la langue et à « deux sens » : le goût et la parole.
Ces propositions m’ont ameneé à une réflexion sur la perception de notre environnement et son influence sur l’apprentissage d’un langage et ses modes d’expression. De même que l’utilisation des sens en soi ne produit pas de langage, la liberté du mouvement ne crée pas de langage chorégraphique.
D’une certaine façon, Helen Keller rompt son isolement avec la découverte du sens par et à travers le langage, comme la chorégraphe/danseuse rompt l’immobilité par la recherche d’une cohérence du corps dans un langage chorégraphique. Toutes deux, danseuse et HK doivent continuellement retourner vers leur isolement respectif pour rester en contact avec l’endroit capable de générer du sens.
La personne « capable » peut paraître en plus grande incapacité qu’HK. Helen semble avoir réacquis sa propre acquisition du langage en percevant les mots comme étant à venir, constamment consciente de la merveille de la communication.
 

Mon travail est une charnière entre l’intérieur (comme source de communication) dans lequel nous sommes piégés, et la liberté avec laquelle nous devenons si facilement engourdis ou même figés.
Lire HK m’a permis de cristalliser comment j’apprends et ce que j’apprends. La découverte du langage pour HK est un processus très proche de celui par lequel je suis passée pour générer un langage chorégraphique. La nécessité de son attention absolue à chaque détail, m’inspire de nouvelles manoeuvres dans la vie quotidienne. Afin d’apprendre à « voir et à entendre », Helen a du utiliser toutes les ressources de son environnement.
De la même façon, danser/chorégraphier m’amène à puiser dans et à contribuer aux ressources culturelles et universelles de mon environnement.
 

Mon travail a plusieurs influences. Pourtant ce qui m’est absolument nécessaire pour continuer, est ce retour constant au vide. (Dans le vide, il y a, Emmanuel Levinas).
Faire face et aller au-delà des limitations personnelles, est pour moi un acte politique. De tels actes poussent l’expression du genre humain. Les artistes réinventent ce qui est, et révèlent ce qui n’est pas.
 

Plus qu’un enfant « normal », HK a du apprendre le langage en allant au-delà des sens les plus intimes (toucher, odorat, goût).
De manière similaire, les danseurs doivent constamment réinventer un corps et pour cela, dépasser les sens de la vue et de l’ouïe avec l’expression des perceptions uniques et intérieures de chaque individu.
Le corps ne ment jamais. (Martha Graham)