ressources Daniel Larrieu spectacle Feutre

Feutre

les mardi 14 et mercredi 15 décembre 1999 à la Friche la Belle de Mai

Production du CCN Tours

Chorégraphie et mise en scène Daniel Larrieu | Assistante Fanny de Chaillé | Interprètes Jérôme Andrieu, Christine Bombal, Olivier Clargé, Agnès Coutard, Christophe Ives, Anne Laurent, Thomas Lebrun, Gabriela Montès, Judith Perron | Création musicale Merz | Création costumes Marthe Desmoulins assistée de Christine Vollard | Réalisation costumes Didier Despin | Décors Romain Armita | réalisés par Christophe Poux | Lumières Lou Dark
 

Sur un plateau beige et lisse, une avancée de feutre brun dans une boîte de feutre clair, capiton vertical absorbant le son, des nuages de plumes en contrepoint, des musiques secrètes et fortes. Influencée par l’expérience de la matière, du contact du feutre, la
danse, par chevauchement d’écritures -solos, duos, mouvements d’ensemble- constitue une épaisseur, mémoire non tissée, en actes irréguliers où basculent l’espace, la durée et la perception de l’intime. Un peu d’extravagance triste, des souvenirs d’enfance et
quelques personnages : Monsieur Canari, ses fleurs et sa montre, l’Echappée du Lido qui ne sait pas s’arrêter, Monsieur Poids plume qui rêve, qui rêve, qui rêve...
 

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« La soie et le feutre. Amour des matières et sens plastique se conjuguent parfaitement dans la nouvelle pièce du chorégraphe Daniel Larrieu, Feutre. Elégance détachée, grâce retenue. Très dans l’air du temps, la ligne chorégraphique Larrieu s’épure sans
rien perdre de sa volupté. Les épaules ondulent toujours ; les hanches chaloupent.
Esthète, Daniel Larrieu l’est, mais sauvé par ce sens aigu du vivant qui lui évite de tomber dans le formalisme. Sans débordement physique ou émotif, il raffine toujours davantage cette abstraction sensuelle qui fait de la danse un art de la proximité, intimement compréhensible par tous. Ainsi Feutre délivre-t-elle son message
discrètement humaniste.
Slalomant sur le plateau, les danseurs déclinent une gamme de gestes doux et s’échappent, bulles de couleurs soufflées par un vent léger. Feutre, pièce bien ventilée, s’offre dans son évidence, distillant dans ses chassés-croisés une inquiétude fugace, un recueillement. Sans doute les lumières bleutées, crépusculaires de Lou Dark et la
musique du groupe Merz -un trip-hop profond, grondant, évidemment neurasthénique- concourent-elles à ce climat incertain.
Paradoxalement, la danse n’en est que plus vaporeuse, comme faite d’une densité charnelle définitivement autre. Elle flotte, somnambule, se suspend dans des instants de perplexité comme si s’ouvrait sous ses pieds une faille imperceptible. »

Rosita Boisseau
Le Monde 8/06/99