ressources Cie Sb03 - Barbara SARREAU spectacle Ici

Ici

vendredi 15 et samedi 16 avril 2011 à 20h à la Minoterie, théâtre de la Joliette

une programmation marseille objectif DansE, en collaboration avec La Minoterie

création – dans le cadre du projet Tchakèla, 3e étape
2010
production Sb03, coproduction marseille objectif DansE, avec le soutien du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia de Bamako. La Compagnie Sb03 est subventionnée au titre de l’aide à la création par la Ville de Marseille, la Région Paca, l’Institut Français, SCAC Ambassade de France à Bamako.

Film de Barbara Sarreau, Joris Lachaise, Anne-Sophie Popon
Musique en Alternance avec Raymond Boni, Jean-François Pauvros
Régie Salvator Casillo

Merci à l’association GIVR - Patrice Rossignol-Gicquel
 

Ce que Barbara Sarreau pose devant nous, sous forme d’images projetées sur un écran, est une construction chorégraphique singulière. ICI est un film : des images et du son, un montage, une durée, un rythme, un propos. Une mise en difficulté de l’artiste aussi : avec les outils banalisés par une utilisation courante, faire œuvre, au risque de passer inaperçue…
Barbara Sarreau, danseuse, étudie la marche. Avec TCHAKELA, à travers les élèves du Conservatoire des Arts et Métiers et Multimédia de Bamako, elle travaille à révéler les mouvements de sa grammaire des corps. Survient alors une rencontre avec Joris Lachaise, vidéaste, et Anne-Sophie Popon. Ils lui proposent un portrait. Elle accepte et détourne aussitôt le genre : un portrait d’elle, ce serait de montrer ce qu’elle voit, comment elle le voit. Un processus original de création se met en marche. Ce qui est en jeu dans son travail, ce n’est pas seulement le regard de Joris Lachaise : la chorégraphe lui demande d’intégrer que son corps est un corps dansant.
Le sujet ? Aussi vaste que vague, en apparence… Le mouvement. Le geste banal, habituel, instinctif, mimétique, culturel, des corps de tout un chacun, et ICI, des corps africains… Avec tous les décalages, les ratés, l’emphase, la censure, la mécanisation, qui leur échappent. Des scènes apparaissent, telle cette audition des danseurs du CAMM, où le langage des corps se plie à une syntaxe cruellement mise en lumière. Telle cette assemblée de villageois, qui pose la question de la représentation.
Barbara Sarreau travaille sur le son. Elle le capte, le choisit, le suscite, le confronte avec les images. D’où son invitation à la création de partitions originales pendant les projections : tour à tour, les univers de Raymond Boni et de Jean-François Pauvros viennent à la rencontre de sa proposition.
 
Christine PREVOT

 

Note d’intention de Joris Lachaise et Barbara Sarreau

“Le croisement de nos regards vise à saisir une autre fonction du geste chorégraphique. En décidant de réaliser ce film, nous nous engageons dans la convergence de nos regards, à prendre en considération ce que l’on pourrait appeler un “milieu”, et qui est l’espacement nécessaire à l’apparition du geste et à sa réception. Ici contribuera à l’ouverture de cet écart entre les corps, la culture ancrée en eux, et leurs modes de représentation culturels. Le “milieu” est la condition de la mise en acte aussi bien d’un geste que du regard qui le perçoit. En découvrant le milieu où le geste prend sa source, nous saisissons tout le sens et la nécessité d’accomplir ce geste.

 
Ce “milieu”, qui se situe entre deux continents, dans l’intervalle de deux villes, entre Marseille et Bamako, c’est Ici. Partant de la considération qu’Ici n’est donc pas une situation géographique, ni le lieu d’une installation définitive, mais l’intervalle qui se co-construit dans la rencontre de cultures, de corps et de regards différents.
 

“Le film commence littéralement sur la route, dans le trajet vers l’autre Afrique. Mais le destin de ce trajet sera de se prolonger comme un retour.
 

C’est alors qu’Ici apparaîtra comme ce nouveau continent en acte, un milieu, territoire d’un langage et d’un corps propre. Ici désigne la mise en oeuvre (chorégraphique) du geste, lui-même engendré à la fois par le corps qui agit et qui danse, et par le corps qui voit et reçoit.
 
D’une certaine façon, le film Ici peut se traduire comme la nécessité de s’en remettre à une totalité qui s’impose de façon aiguë pour le corps de l’Homme à une rencontre particulière de la lumière et des corps. Mais aussi comme un certain acte qui accompagne l’action de la lumière, et qui en pénétrant la matière des corps leur donne leur brillance et leurs couleurs”.
 
Marseille, septembre 2010 – Joris Lachaise et Barbara Sarreau