du 18 au 20 janvier 2001 au Théâtre Toursky
Coproduction : compagnie La Liseuse - Marseille Objectif Danse / Théâtre Toursky - Relais Culturel du Château Rouge à Annemasse
Remerciements au groupe Dunes, à Agnès b, à La Minoterie -Théâtre de la Joliette, au Système Friche Théâtre et à la Socièté Eye’DC.
La Liseuse est une compagnie chorégraphique conventionnée par le minisère de la culture et de la communication (DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur), subventionnée par la Ville de Marseille, le Conseil Général des Bouches du Rhône et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Chorégraphie : Georges Appaix - Interprètes : Jean-Paul Bourel, François Bouteau, Pascale Cherblanc, Montaine Chevalier, Jean-Marc Fillet, Stéphane Imbert, Sabine Macher, Agathe Pfauwadel et Georges Appaix.
Collaboration pour la dramaturgie : Christine Rodès - Bande son : Olivier Renouf et Georges Appaix - Vidéo : Renaud Vercey - Lumière : Régis Montambaux - Costumes : Michèle Paldacci et Tristan Bezandry du Petit atelier - Régie générale : Xavier Longo -
Régie son : Emmanuel Proust - Administration-Communication : Denise Le Guidec, assistée de Claire Gaborel - Chargé de production et de diffusion : Cristiano Carpanini, assisté de Chloé Arnaud (L’Officina).
Octobre 2000
Je suis profondément attaché au travail mené depuis ces années et le désir de le bousculer, de le provoquer, est tout aussi réel. Et j’ai la conviction que le fond de ce qui est à faire est dans ce balancement, cette apparente ambiguïté.
Il nous faut éclaircir le travail sur le texte,rendre plus évident ce vers quoi nous tendons :une réelle continuité entre le corps et sa voix d’une part, et d’autre part une position d’équilibre, une oscillation nonchalante entre une certaine verve de l’oralité et le chant dans l’utilisation des mots, à distance prudente de l’univoque,du dramatique, du "pouvoir" des mots, vers une forme jubilatoire de l’éloquence.
Les mots qui devraient nous aider, nous guider,nous être "pré-textes", viennent de quelques phrases glanées (mot désormais associé à un beau sou-venir cinématographique !) dans les Pour parlers de Gilles Deleuze, comme par exemple :
La logique d’une pensée est comme un vent qui nous pousse dans le dos, une série de rafales et de secousses.
On se croyait au port, et l’on se retrouve rejeté en pleine mer.
L’important n’a jamais été d’accompagner le mouvement du voisin mais de faire son propre mouvement.
Si personne ne commence, personne ne bouge.
Il faut écrire liquide ou gazeux, justement parce que la perception et l’opinion ordinaires sont solides, géométriques.
Les images ne cessent pas d’agir et de réagir les unes sur les autres, il n’y a aucune différence entre les images, les choses et le mouvement.
Et l’idée entière de vent...
Novembre 2000
M encore ? est un projet qui se distingue, entre autres choses, des projets précédents par un travail d’images vidéos qui devrait prendre une place assez importante.
Renaud Vercey, qui a déjà réalisé deux vidéos sur Kouatuor, une autre pièce de La Liseuse, travaille avec nous sur cette partie du projet : essayer d’utiliser les images comme le texte, en les glissant subrepticement dans la combinatoire des éléments scéniques, en tentant de leur faire produire du mystère,de l’interrogation, de la malice...
Sur le plateau de M encore ?, les interprètes vont par moment partager l’espace avec leur propre image vidéo,image instantanée, filmée sur le plateau, mais aussi image enregistrée et restituée de la même personne dans la même action et dans un autre temps.
Remise en question de l’instantanéité du spectacle ou plutôt,à l’opposé, mise en évidence de l’unicité de chaque instant de celui-ci, toujours différent de sa répétition antérieure et à fortiori de l’image de celle-ci.Proposition également faite au spectateur d’un autre point de vue sur le spectacle, différent du sien.
Encore le M(ouvement) !
Décembre 2000
Bientôt la première de M encore ? à Marseille, au Théâtre Toursky, en coproduction avec M.O.D. ; une double première en fait puisque jamais depuis son installation à Marseille en 1991, La Liseuse n’avait créé de spectacle dans cette ville, à l’exception d’un solo en 1996 !
Nous en sommes évidemment très heureux et peut-être faut-il considérer cela comme le signe d’une nouvelle période qui commence pour nous dans notre relation à cette ville et notre manière d’y travailler. Je l’espère très vivement,non seulement pour notre activité de création de spectacle mais aussi pour celle de formation que nous souhaitons développer et approfondir dans le cadre de la Friche la Belle de Mai et de sa relocalisation.
Mais revenons à M encore ?...
Encore un spectacle justement, alors que le précédent (Lest là) n’a guère pu dépasser son adolescence, est encor ejoué, évolue à chaque représentation ? Bien sûr, spectacle vivant et “Oeuvre”, en tant que fixation d’un travail dans une forme, ne vont pas très bien ensemble ; tout disparaît et il faut essayer - mais le faut-il ? - de faire réapparaître ce travail, ces sensations contradictoires accumulées, ces convictions difficilement gagnées sur le doute,sur le “pourquoi pas plutôt...”, faire réapparaître donc mais un peu plus loin, un peu plus tard dans nos vies...
Reste à trouver un équilibre entre faire plus, parce que chaque étape a sa richesse et ses fruits, et faire moins pour minimiser les dépenses financières, se donner plus de temps et laisser grandir l’appétit de faire...
Cette question pose évidemment celle de l’économie du spectacle et du mode de fonctionnement des structures et des interprètes...
Tant que la balance penche du côté du faire, du désir de faire, la question ne se pose (presque) pas ! Et il y a le public, celui qui vient et semble en retirer quelque chose et le fait sentir de manières diverses, ce qui nous réjouit et nous fait sans doute exister de la manière qui nous convient le mieux...
Et il y aurait aussi le public qui ne vient pas mais dont on se dit qu’il se pourrait qu’il vienne. Et il y a ces joies que nous partageons à chaque fois que nous rejouons à ce jeu grave et dérisoire !
... essayant de faire semblant d’oublier les phrases d’Henri Michaux : “La vie, aussi vite que tu l’utilises,s’écoule, s’en va, longue seulement à qui sait errer,paresser. A la veille de sa mort, l’homme d’action et de travail s’aperçoit - trop tard - de la naturelle longueur de la vie, celle qu’il lui eût été possible de connaître lui aussi, si seulement il avait su de continuelles interventions s’abstenir.” et souriant à cette autre... “Si tu es un homme appelé à échouer, n’échoue pas toute fois n’importe comment.”
Georges Appaix
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