les 13 et 14 février 2004 à 21h à la Friche la Belle de Mai
Coproduction Octobre en Normandie, Dieppe Scène Nationale, Le Vivat/Armentières, avec le soutien de la Drac Ile de France - Ministère de la culture et de la communication, résidence au CCN du Havre et à Dieppe Scène Nationale, avec l’aide de l’ADAMI.
La compagnie du Solitaire reçoit l’aide à la compagnie de la Drac Ile de France.
chorégraphie Martine Pisani avec Vincent Druguet, Theo Kooijman, Eduard Mont De Palol, Elise Olhandéguy, Laurent Pichaud, Olivier Schram son Olivier Renouf lumière Philippe Bouttier costumes Michèle Paldacci
Le décalage provient du sentiment de parfaitement comprendre et cependant de n’avoir pas tout compris.
Je regarde quelqu’un dans les yeux : ils se baissent - c’est la pudeur, c’est à dire pudeur du vide qui est derrière le regard - ou bien ils me fixent à leur tour. Et ils peuvent me regarder avec effronterie, exhibant leur vide comme si, derrière, il y avait un autre œil abyssal qui connaît ce vide et s’en sert comme d’une cachette impénétrable ; ou bien avec une impudence chaste et sans réserve, laissant passer dans le vide de nos regards amour et parole.
Nous appelons tragi-comédie de l’apparence le fait que le visage découvre seulement dans la mesure où il dissimule et dissimule dans la mesure où il découvre. De la sorte, l’apparence qui devait le révéler devient, pour l’homme, un semblant qui le trahit et où il ne peut pas se reconnaître. Précisément parce que le visage n’est que le lieu de la vérité, il est immédiatement aussi le lieu d’une simulation et d’une impropriété irréductible. Cela ne veut pas dire que l’apparence dissimule ce qu’elle découvre, le faisant apparaître tel qu’il n’est pas vraiment : au contraire, ce que l’homme est vraiment n’est pas autre chose que cette dissimulation et cette inquiétude dans l’apparence. Parce que l’homme n’est et n’a pas à être une essence ou nature ni un destin spécifique, sa condition est la plus vide et la plus insubstantielle : la vérité. Ce qui reste caché n’est pas pour lui quelque chose derrière l’apparence, mais le fait d’apparaître, le fait de n’être rien d’autre chose que visage.
Martine Pisani reste fidèle à des options modernistes. Bien sûr, le mot est galvaudé. Nous laisserons à Jean-Christophe Bailly le soin de le préciser : « moderne, proprement moderne sera pour nous le mode de ce qui excède l’air du temps, le mode de l’échappée ; soit ce travail de frange qui s’effectue toujours vers l’avant, décidant de l’ici, de l’ici même comme d’un écart. La passion de l’écart, en tant que mode ouvert à la venue, tel est le moderne » [...]