mercredi 9 février à 19h et à 21h
Friche belle de mai 41 rue Jobin Marseille 3°
Tarifs de 12 € à 3 €
Réservations
04 95 04 96 42 | resa chez marseille-objectif-danse.org
Billetterie en ligne lafriche.org
conception Emmanuelle Huynh
forme pour immobilité Emmanuelle Huynh obscurité Yves Godin silence Kasper T. Toeplitz transparence Christian Rizzo
production Plateforme Múa
coproduction Théâtre contemporain de la danse
Emmanuelle Huynh a bénéficié pour ce projet d’une bourse Villa Médicis hors les murs au Viêt-nam.
Múa a été créée en 1995 au Théâtre contemporain de la danse.
En 1995, Emmanuelle Huynh crée le solo Múa – danse en vietnamien : une traversée intérieure à la frontière de l’obscurité, qui révèle un corps tiraillé entre l’ombre et la lumière, l’intériorité et le dehors, le Vietnam et la France.
Depuis vingt ans, Emmanuelle Huynh continue à danser cette pièce qui lui sert de boussole – lui permettant de joindre passé et présent et d’interroger où elle en est. Défaisant la dualité entre le mouvement et l’immobilité, le visible et l’invisible, Múa modèle la perception, exposant le trajet interne des sensations au sein d’un organisme qui se cherche une forme. Façonnée par l’ombre, massée par la matière sonore, la silhouette imperceptible d’Emmanuelle Huynh agit à la lisière de la conscience, incarnant les zones d’incertitude d’une identité qui se réinvente par le mouvement. Entraînant le spectateur dans une expérience sensorielle et perceptive limite, où chaque geste redéfinit la lisière du discernement – elle compose une phénoménologie de l’apparition.
Ce travail fait suite à trois expériences qui m’ont profondément bouleversée et qui, quoique bien différentes, me semblent intimement liées. Tout d’abord, celle du parcours Dark Noir de Michel Reilhac à la vidéothèque de Paris. Plongé dans un noir absolu qui coupe de tout repère visuel habituel, le spectateur est tendu vers tout ce qui peut lui servir d’indication pour sentir, comprendre, saisir. Les sensations corporelles les plus simples sont elles-mêmes transformées et décuplées. Le simple fait de voir acquiert une force inconnue du fait de ce « passage au noir ». Il m’a semblé que l’on pouvait spécifier cette réflexion en ce qui concerne l’image du corps et encore plus précisément celle du corps dansant.
Improviser les yeux fermés constitue la deuxième expérience et est liée à mon parcours d’interprète. Tant par ce qu’elle donne à voir de fragilité et d’abandon que par ce qu’elle fait vivre, la danse les yeux fermés est une expérience fondamentale pour le danseur : le travail interne des sensations coupé de la projection vers le dehors par le regard, acquiert alors une résonance exceptionnelle qui conduit à une danse d’état dont l’intensité est rare.
Enfin, mon voyage au Viêt-Nam, dans le cadre de la bourse Villa Médicis hors les murs, a constitué une étape personnelle et artistique importante. Ne parlant pas la langue, la danse a été mon seul lien, hormis les activités de la vie ordinaire, avec les Vietnamiens. Plongée dans un monde inconnu, j’ai cependant eu le sentiment de connaître, de reconnaître des choses qui me constituaient profondément.
Múa est à vivre comme une expérience où obscurité-lumière, apparition-disparition, silence-musique, danse et immobilité sont les interfaces d’une seule et même chose : l’avènement à soi-même et au monde. EH.